Discours du Président de la république : Comment peut-on être « fier » d’avoir fait 30 000 morts ?
« Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait » a déclaré hier le président de la République dans son discours. Cet exercice d’autosatisfaction devant des familles endeuillées qui le regardaient est indécent.
Comment peut-on être fier d’avoir fait 30 000 morts ?
Comment peut-on affirmer que « l’ensemble des malades qui en avaient besoin ont pu être pris en charge à l’hôpital ou dans la médecine de ville », alors qu’un « tri » a été opéré pour l’accès aux soins hospitaliers, principalement sur un critère d’âge, précisément pour maintenir l’illusion que le système hospitalier « tenait », et qu’on a laissé ainsi mourir des personnes, principalement dans les Ehpad mais aussi à domicile, sans leur prodiguer les soins qui auraient pu les sauver.
La France fait partie des pays qui ont le plus mal géré la crise du coronavirus. C’est un fait objectif, indiscutable.
Elle fait partie, à ce jour, du peloton de tête en nombre de décès relativement à sa population (451 / million d’habitants). C’est 64 fois plus que le Japon et 90 fois plus que la Corée du Sud!
Ces pays étaient pourtant parmi les premiers touchés par le coronavirus. Ils ont su gérer la situation en prenant les mesures de prévention adéquates, avec notamment le port des masques, les tests et l’isolement des malades, sans même avoir besoin de recourir à un confinement complet.
Pour éviter les 30 000 morts, il suffisait de suivre l’exemple des pays du Sud-Est asiatique, que nous avions sous les yeux. Le fait que la France ne soit pas le seul pays occidental à ne pas l’avoir fait, n’est pas une excuse. La France comme d’autres démocraties occidentales a privilégié le dogme de la libre circulation – qui signifiait la libre circulation du virus – sur la préservation de la vie des plus faibles.
Il s’agit là d’une faute dont le résultat a été catastrophique puisque, à défaut d’avoir pris la moindre mesure de prévention en temps utile, la France a dû se résoudre à recourir précipitamment à un confinement brutal qui a ajouté aux dizaines de milliers de morts, la destruction de l’économie.
La France a réussi l’exploit d’avoir en même temps les morts et la crise économique et même d’être dans le peloton de tête sur chacun de ces deux plans.
Aucun discours ne pourra effacer cet état de fait.